Le Cinéma Vendôme est fondé après-guerre par Henry Fol, qui exploitait déjà une salle Porte de Namur, l'Avenue. Il défend, dès ses débuts, un cinéma plus intimiste et de qualité.
En octobre 1952, Henry Fol reprend la salle du Ciné Vog (ancien Ciné Louise), petit cinéma de quartier et la rebaptise Vendôme. Le 19 octobre de cette année, il inaugure sa salle "Club", la plus jeune salle-pilote dans le circuit des salles d'exclusivité de la capitale. Quelques mois après son ouverture, le Vendôme consacre tout le mois de juin 1953 aux meilleurs films anglais de l'époque. La Reine Elizabeth préside lors de la Première du film de Laurence Olivier, Elizabeth II, Queen of England, pour le gala d'ouverture de ce Festival.
La création du Vendôme coïncide avec de grands bouleversements technologiques du cinéma : l'arrivée de la couleur et l’apparition du son multi canal, “son stéréophonique" constituent une grande nouveauté pour le public. La voix d’un acteur situé à gauche, au centre, ou à droite dans l’image, peut être reproduite par des hauts parleurs situés à gauche, au centre ou à droite des nouveaux écrans larges qui font également leur apparition à cette époque. Avec la stéréo, la musique gagne en réalisme, et les effets sonores peuvent être diffusés par les hauts parleurs situés sur les côtés ou le fond du cinéma.
Ces innovations technologiques, couplées au confort dont Henry Fol a doté ses salles, lui offrent de belles perspectives. Mais c'est surtout à la programmation intelligente de son fondateur et à son goût sûr pour la découverte que le Vendôme doit son succès.
Sa fille, Peggy Fol, baignée dans le milieu du cinéma depuis sa naissance, fait ses débuts dans l'entreprise familiale en 1968. Son beau-frère, Roland Stichelmans, rejoint l'équipe en 1971.
Fin des années 70, 25 ans après ses débuts, Henry Fol scinde son unique salle en deux, puis en quatre salles distinctes et fait du Vendôme le premier complexe multisalles de l'époque. Le 19 octobre 1977, Sophia Loren devient la marraine du gala inaugural du Multi-Cinéma Vendôme et présente au côté du réalisateur Ettore Scola, le film Une Journée Particulière.
Visionnaire et attentif aux nouvelles technologies, Henry Fol équipe ses 4 nouvelles salles du confort maximal et d'un niveau sonore automatisé (le son est maintenu au même niveau qu'il y ait 2 ou 200 spectateurs). Sa salle la plus originale, le " Club ", dispose même de fauteuils aux accoudoirs amovibles, au grand bonheur des couples, et d'un bar fumoir !
Le Vendôme a fait le succès de nombreux films à Bruxelles. Le public se bouscule pour Le Satyricon de Fellini ou Le Dernier Tango à Paris de Bertolucci. Henry Fol a d'ailleurs imaginé pour ce film la ruse de l'interdiction au moins de 18 ans.
Ce côté précurseur donne au Vendôme une image novatrice mais le charme de sa programmation reste intact. Ce cinéma n'est pas seulement un cinéma à la mode et à la pointe de la technologie, il a également une âme : il mise sur un cinéma de qualité, préférant les films d'auteurs aux superproductions commerciales.
En 1984, à la mort d'Henry Fol, Peggy Fol - Heuze reprend le flambeau. Son père ne lui lègue pas qu'un cinéma, il lui a transmis sa passion. Elle continue sur sa lancée en maintenant, avec son collaborateur Roland Stichelmans, une programmation intelligente et un accueil de premier ordre basé sur le conseil. Ce sont désormais deux passionnés qui tiennent les rênes du cinéma.
Le Vendôme occupe toujours une place stratégique dans la circulation de films Art et Essai à Bruxelles. C'est encore lui qui a contribué au succès de L'Insoutenable Légèreté de l'Etre de Philip Kaufman, de Venus Peter d'Ian Sellar, de Mr North de Danny Huston, du Voleur de savonnettes de Maurizio Nichetti ou encore du Festin de Babette de Gabriel Axel. Le Vendôme reste une véritable personnalité aux écrans gourmands de découverte.
Le début des années 90 voit apparaître la flambée des loyers dans le quartier Louise et le Vendôme n'y survit pas. Il joue sa dernière séance le 20 janvier 1991. La spéculation immobilière éteint les salles obscures malgré le soutien de la presse bruxelloise et une pétition signée par des centaines de personnes. Peggy Fol et Roland Stichelmans refusent d'écouter le chant du cygne et démontent le matériel dans l'espoir de voir les écrans du Vendôme se rallumer dans un autre quartier de la ville.
Peggy Fol et Roland Stichelmans se mettent aussitôt en quête d'un nouveau " temple ". La presse suit l'affaire de près et les rumeurs de réouverture vont bon train.
Presque un an jour pour jour après sa fermeture, le Vendôme fait taire les rumeurs et s'installe dans l'ancien complexe du cinéma Le Roy. Il renaît enfin de ses cendres et rallume ses projecteurs, après une transformation complète des structures d'accueil (espace bar, entrée et les caisses) et une rénovation totale des salles (nouveaux fauteuils, écrans et installation technique).
Le tout Bruxelles est invité à découvrir ces trois nouvelles salles, situées à deux pas de la Porte de Namur, durant 24h de programmation pour un public privilégié. Le 25 et 26 janvier, le cinéma, le chocolat glacé et même le parking sont gratuits pour fêter la réouverture du Vendôme-Roy. Ce week-end d'ouverture voit affluer près de 10 000 spectateurs.
Ses exploitants ne déménagent pas que leur savoir-faire mais emmènent avec eux l'équipe, l'ambiance et la programmation qui ont fait le bonheur des cinéphiles durant 40 ans. Et le Vendôme reste encore ce cinéma pilote d'exclusivité : il fait découvrir au public bruxellois des premiers films, des films sélectionnés par des festivals, des auteurs, ...
Le succès est toujours au rendez-vous !
En novembre 1995, le rêve d'agrandir le complexe et de s'étendre jusqu'à l'ancien cinéma L'Empire devient enfin réalité : ce ne sont plus 3 mais bien 5 salles d'une capacité totale de près de 900 sièges qui accueillent désormais les cinéphiles. Ces 2 nouvelles salles, qui se logent au premier étage des ex-salles de L'Empire (situées chaussée d'Ixelles) sont directement contigües aux 3 salles du Vendôme-Roy. L'entrée continue de se faire par la chaussée de Wavre et un passage est créé pour relier ces 5 salles entre elles et en faire un mini-complexe chaleureux du Haut de la ville.
Ces 2 salles supplémentaires permettent d'élargir la programmation en proposant un plus large choix de films et une rotation plus régulière pour satisfaire les spectateurs les plus fidèles. La programmation du Vendôme reste dans la lignée des films de qualité, issus de tous pays, qu'il diffuse depuis sa création.
Dans des temps où il est de plus en plus difficile d'exister et de défendre un cinéma indépendant moins soutenu publicitairement, le Vendôme reste fidèle à ses débuts. Pionnier d'un cinéma de qualité à Bruxelles, il est aujourd'hui devenu une référence pour le cinéma d'auteur. Sa programmation et les différents festivals qu'il accueille en font un endroit incontournable pour un cinéma venu d'ailleurs.
Après plus d'un demi-siècle d'existence, le Vendôme a toujours gardé le même leitmotiv : partager son amour du cinéma avec le public.
Il est avant tout une Galerie d'Art Cinématographique. Un lieu convivial où cohabitent art, culture, émotion, sensibilité esthétique, réflexion, découverte, création et récréation.