Mary and Max

Critique :

Génial. Divertissant de bout en bout.

Génial. Divertissant de bout en bout. Pour la première fois, un film d'animation ne nous a pas ennuyé un instant. Même le meilleur Pixar a ses tunnels, ses moments faiblards. Là, pas un bâillement, pas une fois où l'on a regardé sa montre. Ce n'est pourtant que de la pâte à modeler. Mais attention : même si une des deux protagonistes est une petite Australienne de 8 ans solitaire, Mary, qui fabrique des colliers de chips ratatinées, n'emmenez peut-être pas votre enfant. Car voici tout de même le premier film d'animation sur l'autisme et la psychanalyse. Et aussi la solitude adoucie par l'échange épistolaire.

Dès les premières phrases, on devine une formidable cocasserie : un chat qui a mauvaise haleine, un ami invisible qui lit des livres sur le développement personnel, Mary qui rêve de se marier dans un château en Écosse avec M. Earl Grey parce que son père travaille à l'usine de cordons pour sachets de thé Earl Grey... À chaque phrase, à chaque image, on découvre une invention. Et une infinie douceur envers Mary et Max, juif obèse et new-yorkais de 44 ans, à qui elle écrit des lettres bizarroïdes. Max lui-même n'est pas comme les autres : il adore les hot-dogs au chocolat, attrape des mouches pour son poisson rouge Henri VIII (8e du nom) et souffre du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme. À mi-chemin entre Woody Allen et le petit Nicolas, on pourrait croire que le créateur est juif, tant son univers rappelle l'humour ashkénaze. Eh bien non, Adam Elliot, retenez son nom, est un Australien de 37 ans, qui a grandi dans le bush. Il a du génie. Et l'animation de l'avenir.

Le Point par François-Guillaume Lorrain

A voir sans aucune retenue.

Attention, véritable petit bijou en pâte à modeler venant d’Australie. L’auteur, Adam Elliot, a déjà fait parler de lui avec Harvey Krumpet, Oscar du meilleur court-métrage d’animation. En passant au long-métrage, le cinéaste australien confirme son talent et réussit une œuvre originale, singulière, pleine d’humanité avec deux antihéros absolus, une petite boulotte de huit ans, vivant dans une banlieue sinistre du côté de Melbourne, et un certain Max, 44 ans, habitant de Brooklyn qui se goinfre de chocolat et de hamburgers et est atteint du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme.

La réussite de ce film désenchanté et chaleureux, couleur marron (avec une touche de rouge), qui mêle merveilleusement burlesque et tristesse, est dans sa faculté à nous faire croire à la réalité des personnages. On est vite en empathie avec la spirale de désespoir où sombre Max, juif célibataire, agoraphobe, alcoolique et autiste. On est tout autant en empathie avec la petite Mary, qui mange trop de chocolat et a des rêves et des questions plein la tête. On s’attache à l’étrange amitié qui naît entre ces deux êtres grâce à une relation épistolaire de vingt ans. On s’émeut des silences et des chamailleries.

Mary and Max, c’est une audace dans la forme, dans le récit. Avec, petit plus non négligeable, les voix de Toni Collette et de Philip Seymour Hoffman pour les rôles principaux. On est bouleversé par l’humour désabusé, la poésie sombre, les sentiments à fleur de peau qui baignent le film.

Adam Elliot soigne ses personnages, les fait vieillir, transforme les décors avec le poids des ans, met en scène d’attachants seconds rôles tels le voisin agoraphobe, la mère alcoolique et cleptomane, le mari homosexuel, évite tout misérabilisme mais pose un regard cruellement lucide sur la solitude du monde moderne et la misère psychologique de ses contemporains. Et on se surprend à vouloir entourer de chaleur humaine ces deux solitudes en pâte à modeler. A voir sans aucune retenue.

par Le Soir