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Spring Fever
Nuits d’ivresse Printanière
Critique :
Nuits d’ivresse printanière ✶✶✶
Frappé d’interdiction de filmer pendant cinq ans après la présentation de son film Une jeunesse chinoise à Cannes en 2006, Lou Ye a choisi la voie de la clandestinité pour poursuivre sa route de cinéaste. Revendiquant ainsi sa liberté de créateur, cet admirateur du cinéma de Truffaut ose un Jules et Jim inversé avec une sensibilité à fleur de peau et de corps dénudés. « Les fleurs, elles, savent toujours quand elles fleurissent », dit le poète. Dans le monde des sentiments, les choses sont moins évidentes. Lou Ye traduit cela avec délicatesse, sensualité, poésie, mélancolie, à travers une folle équipée amoureuse de deux garçons et une fille s’y jetant à corps perdu. Le cinéaste chinois filme sans effets. Cela renvoie à un naturalisme impressionniste qui rend à merveille l’errance du désir, les étreintes fiévreuses, le tumulte urbain, ces jeunes gens désemparés, des amours perdues, des liaisons clandestines et la vie nocturne de Nankin. Et c’est la Chine intime d’aujourd’hui qui se révèle. C’est naturel, banal, farouche, rageur et bouleversant. Histoire d’amour et de désir glissant jusqu’aux confins de la jalousie et de l’obsession amoureuse, Nuits d’ivresse printanière est une provocation sulfureuse pour une Chine qui nie ses pulsions secrètes et préfère le collectif à l’individu.
par
Le Soir en Ligne