You the Living (Du Levande - Nous, les vivants)

Critique :

« Nous les vivants » mêle étroitement tragique et comique

Ah, l'humour scandinave et ses accents un peu burlesco-désespérés, quel régal ! Les amateurs avaient déjà pu en apprécier la variante politiquement incorrecte chez Anders-Thomas Jensen (Adam's apples) et Anders Ronnow Klarlund (How to get rid of the others). Voici maintenant sa facette poétique, dévoilée par le Suédois Roy Andersson. Revenu de Cannes en 2000 avec le Prix spécial du jury pour ses « Chansons du deuxième étage », ce natif de Göteborg en est ici à son quatrième film.
(...) A quels hommes s'attache Andersson dans son film ? A ceux qui craquent ! Tel cet avocat en plein procès. Ou cet amoureux éconduit. Cette institutrice face à sa classe. Ou ce marchand de tapis devant ses clients. Voire encore, ce psychiatre qui, tout à coup, réalise que passer des heures à essayer de rendre heureux des gens méchants n'a décidément pas de sens. A l'extérieur, il pleut, les bâtiments sont gris, l'orage menace… Et malgré tout, il y a de l'espoir, cet espoir véhiculé de manière un peu tordue par ces musiciens de fanfare qui répètent inlassablement leurs gammes. Ou ce couple nouvellement uni célébré par la foule et parti dans un onirique voyage de noces.

La musique tient ici une place importante. Comme dans la vie, finalement. Non seulement parce que certains des personnages mis en scène dans ces tableaux sont musiciens, mais aussi parce qu'il y a une évidente musicalité dans nombre de séquences. Et puis, l'usage des trombones et autres tubas ajoute encore à l'atmosphère de temps en temps burlesque de ce film étonnant.

Soir en Ligne du 21/11/2007 par Didier Stiers, Philippe Manche et Nicolas Crousse