The Home Song Stories

Critique :

La chronique délicate d'une enfance partagée entre Chine et Australie.

Dans ce long métrage subtil, aux fortes résonances autobiographiques, Tony Aires, né à Macao en 1961, livre la chronique douce-amère d'une enfance partagée entre Orient et Occident, d'un jeune garçon bringuebalé, au fil des aventures de Rose, d'un "oncle" à un autre...

Si le film parvient à ce point à émouvoir, c'est notamment grâce à la distance avec laquelle le réalisateur raconte cette histoire. Distance temporelle bien entendu - trente années ont passé depuis son enfance -, mais aussi culturelle. Tout comme son narrateur Tom, devenu écrivain, Tony Ayres a grandi en Australie et a connu ce tiraillement entre son pays d'accueil et une communauté chinoise à laquelle il n'a jamais vraiment appartenu. Le recul est suffisant pour pouvoir dessiner avec sensibilité le portrait de cette mère volage, égoïste mais aimante, de ce personnage torturé par le déracinement.

Cette double appartenance du cinéaste, on la ressent également dans sa mise en scène. Si la photographie, sublime, le montage ou la musique sont occidentaux, la tonalité et la sensibilité apparaissent de plus en plus asiatiques plus le film avance - au point qu'à l'image d'un Wong Kar-wai, Ayres parvient à faire ressentir au spectateur la nostalgie pure. C'est de cette confrontation permanente entre deux mondes, entre deux univers, que naît la poésie, attentive aux petits détails, aux gestes quotidiens (notamment ceux de la cuisine).

Mais il ne faut pas s'y tromper, si "The Home Song Stories" apparaît nostalgique, il s'agit également d'un film dur qui montre combien l'arrivée d'immigrés chinois dans l'Australie des années 70 fut difficile. A l'image de cet enfant finalement totalement intégré qui devra attendre la quarantaine avant de pouvoir se réconcilier avec sa mère et son identité chinoise.

La Libre du 14/05/08 par H. H.