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Présenté à la Mostra de Venise 2008, dans la section Journées des auteurs


Distribu� par :
BFD
Ce film n'est plus à l'affiche

Stella

Critique :

Sylvie Verheyde signe un touchant film sur l’enfance, loin des sentiers arpentés du genre.

Ça commence comme le rêve d’une gamine de la fin des années 70 : Stella (Leora Barbara), justaucorps rose fluo, se déhanche sur "Love me Baby", petite Sheila disco de douze ans. "Je m’appelle Stella, je vis dans le 13earrondissement. Aujourd’hui, je commence dans mon nouveau lycée."

Stella, on le comprend vite et elle nous le dit d’emblée, est du genre "décalée". Elle n’a sa place nulle part. Ni dans son lycée "de riches", où elle passe pour la "plouc", voire la "dingue" de service, ni dans le bistrot que tiennent ses foutraques de parents, ni, même, quand elle part en vacances dans "le Nord" paternel, chez les Ch’tis qui ne lui souhaitent pas la bienvenue, mais lui balance le qualificatif de "Parisienne" comme on jette une insulte.

Trouver son chemin

Stella ne sait pas ce que sont "les camps", n’a lu aucun classique, ne sait pas écrire "signifiant". Mais elle est incollable sur le foot, le sexe, la belote ou les cocktails - merci papa, merci maman et les "amis" imbibés qui peuplent leur royaume. Stella se fait pourtant une amie, Gladys, fille d’immigrés argentins, "première de classe" atypique.

Par l’intermédiaire de celle-ci, Stella commence à arpenter ce chemin au bord duquel tout le monde semble vouloir la laisser.

On en a vu des films sur des gosses - des "400 coups" aux "Choristes". Mais celui-ci sonne d’une rare vérité. Et pour cause : Sylvie Verheyde, pour son troisième long métrage, puise dans ses propres souvenirs pour recréer son éveil à l’adolescence. Aussi brillamment écrit, aussi humblement réalisé, aussi précautionneusement reconstitué qu’il puisse être, "Stella" ne serait encore qu’un film "réussi" parmi d’autres, s’il n’y avait pour le sublimer l’interprétation de Leora Barbara, fulgurante graine d’actrice, qui habite de tout son (petit) être cette gamine déjà adulte dans sa tête, même s’il lui reste tout à apprendre.

A ses côtés, Melissa Rodrigues n’est pas moins remarquable. Pour les (sup)porter, des adultes comme Karole Rocher ou Benjamin Biolay, couple autant paumé que déchiré, séparés par la distance d’un zinc, sont criants de vérité.

Le reste du casting est à l’avenant, tel Christophe Bourseiller, bon vieux rescapé des 70’s, parfait en impitoyable prof de français (qui se révélera juste), ou Guillaume Depardieu, en ange de bistrot, dont le dernier dialogue évoque un départ imminent, étrangement prémonitoire: "Tu vas me manquer."

Contrepoint

Toujours juste, "Stella" offre même un prolongement/contrepoint involontaire à "Entre les murs" : sa peinture d’un milieu scolaire, cristallisant malgré lui les inégalités sociales, fera écho au film de Laurent Cantet jusque dans une scène de délibé de la même teneur.

Mais Sylvie Verheyde a une voix bien à elle, jamais moralisante, jamais plombée. Ce qui ne l’empêche pas d’exposer toutes les zones grises de l’enfance pour mieux en faire ressortir, in fine, la lumière - celle d’une étoile nommée Stella.

La Libre du 14/01/09 par A.Lo.
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