Ce film n'est plus à l'affiche
Tulpan
Critique :
Cannes. Steppe, humour, western et modernité au menu de l’épatant film kazakh, prix "Un certain regard" 2008
(...) Un petit air de déjà vu ? Disons que le cadre nous est désormais un peu familier, mais c’est une tout autre histoire qu’on nous raconte. Celle d’Asa est celle d’un jeune homme qui ne trouve pas de femme, pas de place dans sa communauté, qui se sent pousser vers la ville, vers la "modernité" (le tube "Rivers of Babylon" que son copain écoute en boucle en est le symbole), alors qu’il ne demande qu’à s’accrocher naïvement à une vie rude, à un métier viril (à moins que ce soit la perspective d’entendre Boney M toute sa vie en ville.)
L’histoire est différente et la mise en scène aussi. Par moments, on a le sentiment d’être dans un western où les bœufs sont remplacés par des moutons et les chevaux par des chameaux. Toutefois, Sergey Dvortsevoy joue moins sur la beauté majestueuse des paysages de Mongolie, d’autant qu’on est au Kazakhstan. La caméra est plus proche, l’approche moins exotique, le ton souvent plus humoristique et surtout, plus que le décor, le son est un personnage à part entière, omniprésent. D’ailleurs, le spectateur est perpétuellement à son écoute pour recueillir des informations qu’il ne peut pas voir.
En lui décernant son prix, la section "Un certain regard" du festival de Cannes a salué la naissance d’un auteur. Quant à celle de l’agneau dans "Tulpan", on ne risque pas de l’oublier.
La Libre du 4/03/2009 par
Fernand Denis