Ce film n'est plus à l'affiche
Ciao Stefano
Critique :
... un témoignage de la bonne santé du cinéma italien et de sa savoureuse comédie.
"Ciao Stefano" est ce qu'on pourrait appeler une comédie dépressive, genre qui n'est sans doute possible qu'en Italie, question de tempérament sans doute. On dirait un film de Moretti mais sans Moretti, ce qui est tout de même beaucoup mieux, car les autres personnages peuvent exister au tour de ce rocker qui voudrait se la couler et qui va devoir boire le calice jusqu'à la lie, autrement dit enfiler un costume pour quémander de l'argent auprès d'un politicien.
Mais attention, si la situation est grave, Gianni Zanasi veille à ce que le film reste léger. Ce sont 100 minutes d'air du temps. Ça sent la mélancolie, les pieds - car tout le monde est à côté de ses pompes - et le mensonge attentionné, on ment pour ne pas rendre plus difficile la vie des autres. Et comme les cerises dans l'eau-de-vie, les scènes flottent librement. Le film est très construit, mais cela ne se voit pas, car on avance par petites touches, parfois même avec des séquences inutiles comme celle des enfants qui courent. Inutiles mais indispensables, car sans elles, le film n'aurait pas ce charme.
Ce charme, c'est celui de l'Italie, de sa langue, de sa musique - Rossini et Verdi contre punk et rock -, de ses actrices dont la superbe Caterina Murino, de ses acteurs avec ce duo épatant composé de Valerio Mastandrea en rocker responsable et Giuseppe Battiston en gros nounours à la masse.
En attendant les deux bombes cannoises, "Il Divo" et "Gomorra", un témoignage de la bonne santé du cinéma italien et de sa savoureuse comédie.
La Libre Belgique du 11/06/08 par
Fernand Denis