La petite taupe

Critique :

Il demeure le plus bel exemple d’une animation et d’une narration accessibles aux plus petits des spectateurs. Un classique.

La petite taupe ressort de sa tanière. Et on ne s’en lasse pas. Elle a beau avoir un demi-siècle, elle paraît toujours aussi juvénile et heureuse de vivre, résolvant avec facétie et bonhomie tous les problèmes qui se posent à elle. Comme, ici, dans cette compilation de sept courts métrages, où elle découvre successivement une radio (qui va embêter ses voisins de la forêt), soulage la rage de dents du roi de la jungle, affronte un bulldozer destructeur, sauve un hérisson de la taxidermie, découvre un téléphone, va apprendre l’utilité (et les dangers) des allumettes, ou découvrir la photographie.

Initiation

Lorsqu’il créa ce personnage en 1957, le Tchécoslovaque Zdenek Miller ne se doutait pas qu’il animerait le petit talpidé jusqu’en 1975, le rendant populaire dans quelque 80 pays. Sous son apparente simplicité, cette œuvre est l’une des plus intelligentes qui soient. Miller eut la bonne idée de ne pas doter sa petite héroïne de la parole. Du coup, chaque court métrage (de cinq à dix minutes) devient un petit guide du langage gestuel. C’est aussi une ludique initiation au savoir (voir, par exemple, comment, dans "La petite taupe et le hérisson", l’héroïne met en application, au début de l’épisode, le principe des vases communicants).

La petite taupe a introduit aussi l’art de la représentation par son graphisme éminemment symbolique et son harmonie des couleurs toujours chatoyantes. Le style de Miller n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de deux illustrateurs qui furent ses contemporains, son compatriote Miroslav Sasek (dont Casterman a entamé la réédition des livres) et l’Américain Charlie Harper.

Alors que certains s’échinent à copier l’art des autres, celui de Miller résiste à l’épreuve du temps et survit à toutes les modes. Il demeure le plus bel exemple d’une animation et d’une narration accessibles aux plus petits des spectateurs. Un classique.

La Libre Belgique du 01/04/2009 par A.Lo.