Ce film n'est plus à l'affiche
The Wrestler
Critique :
Bien plus qu'un film sur le catch, The wrestler est une réflexion émouvante sur le monde du spectacle (c'est le catch, ça pourrait être le cirque, la boxe ou le music-hall).
Mickey Rourke, probablement le comédien le plus charismatique des années 80 (Rumble fish, Angel heart, Barfly, L'année du dragon...), avait disparu du grand écran depuis trop longtemps. On veut dire: de celui à la hauteur de son talent. Avec The wrestler (« Le catcheur »), l'acteur américain retrouve les sensations extrêmes d'un ring qu'il connaît bien, car il fut boxeur professionnel. Cela donne d'autant plus de poids et d'émotion à son personnage. À se demander, même, si Darren Aronofsky (Requiem for a dream) n'a pas écrit ce film sur mesure, pour lui. Car il ne faut pas beaucoup d'imagination pour voir, derrière l'histoire de cet ex-champion de catch des années 80 et has been cassé par la vie, un double très ressemblant de Rourke. Dont c'est ici le rôle le plus émouvant. Un rôle physique, tout en muscles et en sueurs, mais un rôle aussi terriblement intérieur, tout en cicatrices. Les cicatrices sur la peau de l'athlète ne faisant à l'arrivée qu'un avec l'histoire de sa vie.
Bien plus qu'un film sur le catch, The wrestler est une réflexion émouvante sur le monde du spectacle (c'est le catch, ça pourrait être le cirque, la boxe ou le music-hall). Sur la cruauté qui frappe les petits retraités de la scène. Sur en somme tous les artistes de l'ombre, ces seigneurs déchus dont le cœur s'arrête un jour de battre, une fois que s'éloigne la piste. Difficile, à cet égard, de ne pas entendre la voix de Mickey Rourke, quand il fait dire à son personnage « en dehors du ring, en dehors de la scène, le monde se fout de moi et je pourrais bien crever. C'est ici, sur ce ring, que j'existe ». Il ne croit pas si bien dire. Ce film ne le ramène pas qu'à notre mémoire. Il aura, dans sa filmographie et quand viendra l'heure du bilan, valeur de salut et force d'identité. Et il mériterait de lui valoir, dans quelques jours, l'Oscar du meilleur acteur.
Soir en Ligne du 19/11/09 par
Didier Stiers, Philippe Manche et Nicolas Crousse