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Masangeles
Critique :
Une œuvre poétique de Beatriz Flores Silva.
La lente plongée de l'Uruguay dans la dictature dépeinte à travers les fractures d'une famille. Une œuvre poétique de Beatriz Flores Silva. (...)
Née en Uruguay, formée à l’IAD en Belgique, Beatriz Flores Silva fit partie de l’aventure des "Sept péchés capitaux" - film collectif qui révéla toute une génération de réalisateurs, techniciens ou producteurs belges au début des années 90 (Pierre-Paul Renders, Frédéric Fonteyne, Yvan Le Moine, Diana Elbaum, Patrick Quinet, Philippe Blasband, etc.).
Avec "Masángeles", Beatriz Flores Silva retourne à ses sources et extériorise le passé douloureux de son pays, tiraillé entre tentations révolutionnaires et dérives fascistes, qui fait corps avec celui traversé par bien des pays d’Amérique latine durant les mêmes années. Pour dépeindre le basculement de l’Uruguay dans la dictature, l’auteur use d’une des figures de style de prédilection des grands écrivains latino-américains du XXe siècle : le réalisme magique. Comment mieux dépeindre, en effet, la folie humaine qui détruit une société tout entière ? La famille Saavedra devient un microcosme dont chaque personnage incarne l’un des grands piliers de la société uruguayenne, ces lignes de force ou de fracture.
En un huis clos presque borgesien, la réalisatrice suit sa logique jusqu’au bout, servie par d’excellents acteurs et une direction artistique inspirée. Cette belle œuvre réflexive pourra, cependant, laisser perplexe qui ignore l’Histoire en général, et celle de l’Uruguay en particulier. A moins que cette farce socio-politique, qui refuse la facilité du tout-venant, soit au contraire un opportun vecteur de découverte et de mémoire.
La Libre du 05/08/20009 par
A. Lo.