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Paradiso Films
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Whatever Works

Critique :

Woody Allen revient à New York. En grande forme.

Woody Allen revient à New York. En grande forme. Il trouve en Larry David un parfait alter ego. Et en Evan Rachel Wood, une potentielle nouvelle égérie.

Si j’écris : juif, New-Yorkais, intello, hypocondriaque, misanthrope, caustique, vous pensez : Woody Allen. Bien vu, mais c’est Larry (David) qui promène sa calvitie et ses guibolles blanches dans "Wathever Works", dans le rôle Boris Yellnikoff, ex-gloire autoproclamée de la physique, aigri de n’avoir jamais reçu le prix Nobel, et suicidaire occasionnel. Il prévient d’emblée : "Ce film n’aura pas l’oscar de l’hymne à la joie." D’ailleurs, c’est toujours lui qui le dit, il n’est pas un gars sympa : vous avez déjà vu un prof d’échecs occasionnel qui traite de vers de terre ses élèves de six ans ?

Fausse modestie, évidemment : la truculence de Boris/Larry/Woody décoince les "zygomates" d’entrée de jeu, surprenant au passage ses vieux amis de Greenwich Village, qui se demandent bien pourquoi il s’adresse soudain à la caméra. Un soir de pessimisme solitaire de plus, Boris ramasse au pied de son loft minable Melodie St Anne Celestine (Evan Rachel Wood), jeune sudiste ayant fui le domicile familial et ultrareligieux en quête du coup de foudre à Manhattan. Malgré toutes les résistances de Boris, l’oie blanche s’incruste. Et alors que tout oppose ces deux-là, se crée bientôt un rafraîchissant pas de deux, auquel va se joindre toute une galerie de personnages secondaires - au premier rang desquels les bigots de parents de Melodie, que le réalisateur et son alter ego vont retourner comme des crêpes.

De retour de son exil artistique en Europe, Woody Allen arpente de nouveau avec bonheur les trottoirs de son cinéma new-yorkais. C’est comme si on retrouvait un vieux film oublié de réalisateur de "Annie Hall". Mais si le décor est familier, Allen le contemple bien à travers ses yeux d’aujourd’hui : comment ne pas l’imaginer goguenard en se filmant en Larry David face à une Evan Rachel Wood, version délicieusement délurée et innocente de Scarlett Johansson. Qu’on se rassure : le fantasme du vieux réalisateur atteint du démon de midi cède le pas à l’autoparodie assumée. Il n’y a pas que Boris qui est soudain frappé d’une cure de jouvence. Et la fantaisie se mêle à une réflexion pas si anodine que ça sur le bonheur, le vivre ensemble, la tolérance et la seconde chance - réflexion pas cucul la praline, mais pleine de bon sens. Les acteurs, comme souvent chez Allen, boivent du petit-lait : Larry David, roi de la comédie télé, se révèle à un nouveau public, Evan Rachel Wood confirme tout le bien qu’on pensait déjà d’elle, et Patricia Clarkson (qu’Allen avait déjà utilisée en mère de famille B.C.B.G. dans "Vicky Cristina Barcelona") vaut bien une Diane Keaton.

Ça file à toute vitesse, avec de brusques accélérations narratives ou des changements de bande sans avertissement. Wathever Works, oui, mais en l’occurrence, ça marche. L’oscar de l’hymne à la joie, ça le ferait peut-être bien, finalement.

La Libre du 30/09/2009 par A.Lo.
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