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Prix Art et Essai de la section Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2009


Distribu� par :
Kinepolis Film Distribution
Ce film n'est plus à l'affiche

La Merditude des Choses (De helaasheid der dingen)

Critique :

« La merditude des choses » est un grand film. Il confirme la maturité nouvelle du cinéma flamand « d'auteur ».

Avec La merditude des choses, sur nos écrans dès demain et qui fait l'ouverture du Festival de Gand ce mardi soir, Felix Van Groeningen signe un formidable film, qui tombe à pic pour faire le point sur le cinéma flamand. Un cinéma qui est en train de changer, de mûrir, de bonifier à une vitesse sidérante. On a longtemps opposé, en Belgique, le cinéma francophone au flamand. Le premier est dit d'auteur, de qualité, il est courtisé des grands festivals européens mais il ne passionne guère sa propre population (euphémisme).

Le second accumule les gros succès locaux, tout en ayant du mal à traverser les frontières. Enfin cela, c'était jusqu'il y a peu. Car le cinéma flamand fait ces derniers temps de petits miracles, avec l'émergence d'une vraie génération de talents tels que Koen Mortier, Patrice Toye, Tom Barman, Dorothée van den Berghe, Dimitri Karakatsanis, Peter Brosens.

Le Festival de Cannes a récemment fait la fête à deux petits bijoux flamands : Moscow, Belgium en 2008 ou, cette année, La merditude des choses (Quinzaine des réalisateurs).

Un film librement adapté du best-seller de Dimitri Verhulst. « Cela faisait un moment que j'avais envie de travailler avec lui, nous explique Van Groeningen. Je le connaissais avant l'écriture de ce roman. On avait travaillé ensemble sur une pièce de théâtre, qu'il avait écrite. A l'époque, je lui avais demandé d'écrire un scénario, mais il n'était pas chaud. Puis, j'ai lu La merditude des choses. J'ai aimé. Et j'ai pensé qu'il y avait un film dedans. »

L'adaptation n'était pas forcément une partie de plaisir, reconnaît le cinéaste. « La structure du livre était bizarre, avec ses histoires diverses, liées aux oncles du personnage principal. Mais à la fin, tout se rassemble. L'enfant devenu grand se retourne sur son passé et tout fait sens. »

Derrière ses galeries de portraits gargantuesques, pour ne pas dire breugheliens, qui valent quelques rires effrayants, le film touche par la générosité de son regard. « Il y a beaucoup de chaos, mais ce qui compte, c'est l'authenticité. J'aime mes personnages. Je veux les comprendre, même si ce qu'ils font est grave, violent. »

On parle à Felix du cinéma de Kusturica, ou du Bucquoy de La vie sexuelle des Belges. Il réfute les influences… tout en révélant que c'est plutôt un reportage de « Strip-Tease » (Les aventures de la famille Debecker, réalisé en 1992 par Emmanuel Riche) qui l'a marqué. « On y suit une famille qui n'a pas beaucoup d'argent, et où tout le monde est amené à vivre les uns sur les autres. »

La quête de sens d'un écrivain hanté par son désordre intérieur et une ivresse ambiante généralisée rappellent aussi la littérature de Bukowski. Mais Van Groeningen, dont le film culte est le Kids de Larry Clarke, inclut dans la cruauté de cet univers des éléments de poésie et de tendresse pour les petites gens qui nous emmènent vers autre chose.

Un cinéma décomplexé

Entre bière, cyclisme et kermesses, La merditude affirme son identité flamande de façon directe et convaincante. De quoi alimenter un commentaire du cinéaste, que l'on interroge sur le cinéma belge. « On a longtemps en Flandre été très jaloux du cinéma francophone belge. On l'est un peu moins ces derniers temps et c'est très bien pour nous. »

Van Groeningen s'étonne de l'absence de curiosité des deux communautés. « On ne connaît presque rien du cinéma de l'autre, sauf quand il a un succès international. Alors que moi, je peux me reconnaître dans un Bouli Lanners, ou dans C'est arrivé près de chez vous. »

Qu'est-ce qui explique l'émergence de cette nouvelle vague flamande ? Trois instruments, répond Van Groeningen : le VAF (le Fonds d'aide audiovisuel), « plus jeune et ouvert que jadis », le tax-shelter et la participation des télévisions. « Nous ne sommes pas plus doués qu'avant. Nous avons par contre les moyens de mettre en œuvre ces talents. »

Le Soir en Ligne du 6/10/2009 par NIcolas Crousse

Une bien belle vie de merde que voilà.

‘La Merditude des choses’ a le goût amer, épais et plein de caractère de la bière brune brassée en terres flamandes. Caméra à l’épaule, l’objectif au plus près de son sujet, le troisième film de Félix Van Groeningen suit sans artifices - c’est le moins que l’on puisse dire - la vie du clan Strobbe. Marcel, le père, Lowie "Petrol", Pieter "Baraqué", Koen, les oncles, la mémé et Gunther, le fils bien décidé à s’extirper du merdier dans lequel il est né. Dans ce film à l’humour cinglant et au romantisme noir, amour et détresse sont palpables. Scènes de beuverie et subtile réflexion sur ce que représente la transmission s’entremêlent dans un cocktail détonant. Et ce cadre dans lequel il se passe toujours quelque chose se fait le porte-parole de ce bordel organisé. “Pour devenir un huissier, il faut être un vrai con”, “Pour rester en forme il faut baiser une fois par jour”, “Il y a deux personnes que je hais, deux femmes. La première m’a donné le jour, l’autre est en train de me faire un gosse”, autant de dialogues puissants qui ponctuent un scénario fouillé. Une bien belle vie de merde que voilà.

Evene du 21/05/2009 par Mélanie Carpentier

En somme, il y a du génie là-dedans et il va falloir s'y faire.

Bien loin des canons cinématographiques actuels, cet objet filmique non identifié fait du pied aux plus grands artistes « déviants » de notre décennie tout en s’offrant une dimension populaire inimaginable.

En anglais, ils sont les infortunés (the misfortunates), ceux qui n'ont jamais eu de bol et qui ne sont pas prêts d'en avoir... En français, le constat est plus imagé : ils vivent en étant persuadé de la « merditude » des choses, comme si les objets, les gens et tout ce qui nous entourent ne faisaient partie que d'un vaste merdier duquel il serait impossible de s'extraire. Primé à Cannes lors de la Quinzaine des Réalisateurs, le film de Félix Van Groeningen est à l'image de son titre : décalé et poétique. Traçant le portrait d'une famille pauvre et délaissée d'un village flamand dont le nom (Trouduc les Oyes) appelle à un haut degré de tolérance vis-à-vis de ses habitants (ils sont visiblement nés là où il ne fallait pas...), le cinéaste belge réussit le tour de force de mettre en scène la misère humaine et des personnages tous plus sales, exécrables et méchants les uns que les autres avec une humanité débordante. Harmony Korine est certainement passé par là, tout comme les frères Dardenne ou Pialat... En somme, il y a du génie là-dedans et il va falloir s'y faire. Car Félix Van Groeningen est déjà un grand parmi les plus grands...

Dvdrama du 02/10/2009 par Kevin Dutot
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