Ce film n'est plus à l'affiche
Departures
Critique :
(...) ce qu'on voit à l'écran est un film vivant, simple et juste, plein de douceur et de sagesse.
Attention, petit chef-d'œuvre d'une délicatesse absolue. Qui a cartonné au Japon avant de recevoir l'Oscar du meilleur film étranger. Un des plus beaux films de l'année, d'une sensibilité rare, propre de ce que dégageait déjà de Still walking, du Japonais Kore-Eda Hirokazu, qui parlait si bien du temps qui passe. Au départ, pourtant, rien d'alléchant dans le sujet de Departures. Cette comédie dramatique du méconnu Yojiro Takita parle en effet de la mort, un sujet qu'on préfère le plus souvent éviter s'il n'est pas terreau d'une comédie macabre ou d'un thriller spectaculaire. Or, dans ce film, c'est la mort au naturel qui se livre à l'écran. La toilette des morts, le rituel des cérémonies funèbres, la brutalité de la séparation… Mais plein d'amour et d'humour, Departures nous emplit de son récit singulier qui raconte de façon insolite comment un jeune violoncelliste au chomâge (excellent Masahiro Motoki) se retrouve employé dans une entreprise de pompes funèbres en croyant répondre à une annonce pour agence de voyages. Aux côtés de son employeur, mais sans oser révéler la vérité à sa jeune épouse (Ryoko Hirosue si émouvante), Daigo va apprendre à faire la toilette des morts et à conduire les veillées funèbres jusqu'à la crémation. C'est rare, très rare de voir cela ainsi traité. Avec un tel réalisme, une telle attention, une telle humanité, une telle dignité et tant de beauté. C'est pourquoi Departures est un film rare. Il l'est aussi dans la manière dont tout est raconté. Avec ce sens des rituels et cette élégance des gestes peut-être propres au Japon. Avec ces moments de grâce et le côté burlesque qui contrastent avec la brutalité de la séparation d'un être cher. Mais la force de ce petit bijou japonais, c'est d'enfler au fur et à mesure du récit et d'englober la vie, l'amour, les difficultés du quotidien, le regard des autres, le temps qui passe, les liens véritables qui restent avec ceux qui nous sont proches. Car ce qu'on voit à l'écran est un film vivant, simple et juste, plein de douceur et de sagesse. Une ode à la vie qui vacille sans cesse entre le rire et les larmes, le doux et l'amer, la légèreté et la mélancolie. C'est un film pur.
Soir en Ligne du 4/11/09 par
Nicolas Crousse et Fabienne Bradfer