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Cinéart
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La Prima Linea

Critique :

La qualité d’interprétation est irradiante. La justesse de l’ensemble du casting est à souligner.

Récit d’un terroriste portant un regard critique sur son propre parcours et sur la désillusion aussi âpre que nécessaire qui en découle, LA PRIMA LINEA est un film-témoignage déroutant au sein duquel revivent les combats, devenus symboliques, caractéristiques de la société italienne au tournant des décennies 70 et 80. Comment ne pas songer à LA CLASSE OPRAIA VA IN PARADISO de Elio Petri, voire à un pleine génération de cinéastes italiens ? Un cinéma où la condition sociale tenait une importance prépondérante afin de remettre celle-ci en cause et de témoigner de l’identitaire de la société d’alors. Cette société et son devenir sont habilement mis en scène par Renato De Maria, qui donne sens à un combat aveugle qui a un résonance bien actuelle.

La force de LA PRIMA LINEA repose dans l’hypothèse d’évocation mise en place judicieusement : après une brève introduction mettant en scène l’arrestation de Sergio (Riccardo Scamarcio), celui-ci s’adresse de manière frontale au spectateur selon une logique d’interrogatoire. Se livre-t-il à lui, aux autorités ou à lui-même ; il envisage son engagement révolutionnaire, ou terroriste c’est selon. Il n’appréhende pas celui-ci de manière chronologique et rationnelle : il revit avec passion la folie qui l’a envahi, pénétré, emporté. Une folie partagée voire exacerbée par ses compagnons. Les périodes s’entremêlent et se font écho. Le montage se veut organique : l’évocation, toujours, en dicte la logique. Il fait corps avec l’esprit de Sergio, ses souvenirs. La musique et les effets n’apparaissent dès lors jamais vains – si même les mouvements incessant de la caméra fatiguent. Lorsque l’évocation de la lutte armée se couple à celle des sentiments amoureux de Sergio pour Susanna (Giovanna Mezzogiorno), membre important du groupe, la force de la notion-même de passion est démultipliée.

La qualité d’interprétation est irradiante. La justesse de l’ensemble du casting est à souligner. Il est indéniable que le réalisateur se révèle être un brillant metteur en scène tant il parvient à fondre le spectateur aux ressentis des protagonistes. Les gestes, les respirations et les regards s’imposent comme primordiaux.

Sans jamais prendre pas une quelconque défense du terrorisme, LA PRIMA LINEA donne vie à un entier contexte au sein duquel celui-ci s’est établi. Le film permet de poser un regard réfléchi, à l’image de Sergio, sur une situation à la fois historique et sociétale. Si le malin combat pour un idéal, pour une société sociale, autre, égalitaire qui fut celui du groupe proclamé La Prima Linea est annoncé comme une erreur il n’en demeure pas moins symptomatique d’une société malade. Il est dès lors impossible de le condamner aveuglement et radicalement tant il semble mettre en garde face au présent visage de la société.

Cinem(m)a du 5/05/2010 par Nicolas Gilson
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