Et maintenant on va où ?

Critique :

Audacieuse, elle signe un film à la fois grave et truculent, alterne colères et fous rires

On devine qu'il s'agit du Liban, mais il n'est pas mentionné dans cette fable douce-amère où les hommes s'entre-tuent et finissent au cimetière, séparés par des croix et des croissants. Dans la poussière, on aperçoit des femmes se livrer à une procession dansée vers les tombes. Ces veuves, ces mères qui n'ont que leur foi et leur amitié réciproque pour survivre, la cinéaste libanaise Nadine Labaki (remarquée avec un savoureux premier film, Caramel) va leur inventer mille stratagèmes pour éviter de nouveau la guerre, dissiper ce fanatisme religieux qui ronge les deux communautés. Le paradis ou l'enfer. Charmeuse et fine mouche, elle s'est donné le rôle de la jolie Amal (« la paix », en arabe), qui bouscule les conventions et n'hésite pas à pousser la chansonnette quand le bonheur semble à portée de main. Audacieuse, elle signe un film à la fois grave et truculent, alterne colères et fous rires, fait dialoguer l'imam et le prêtre du village. On est sans cesse au bord du gouffre. Optimiste malgré tout, Nadine Labaki évite le pathos et signe une fin surprenante où l'imagination des femmes semble sans limite.

par Le Figaro