Ce film n'est plus à l'affiche
Modus Operandi
Critique :
... l’émotion est là, immense, donnant toute son effrayante dimension à l’horreur nazie.
Comment, en Belgique, les nazis parvinrent-ils à installer une mécanique qui entraînera presque 25.000 personnes vers les camps de la mort, dont 95 % ne reviendront pas ?
Basé sur des archives – photos et images (très peu tournées en Belgique, mais donnant une approche de ce qui s’est passé chez nous) -, le documentaire d’Hugues Lanneau montre quel a été le rôle des autorités belges dans la déportation des juifs. A Anvers, notamment, où, de toute évidence, le bourgmestre d’alors, secondé par le chef de la police et par certaines autorités judiciaires, a collaboré et contribué à organiser les rafles. A Bruxelles, où certains fonctionnaires de la commune ont, par zèle, mis au point une fiche d’identification qui servira d’exemple et de modèle pour organiser un recensement des juifs vivant en Belgique.
Mais le film – qui, par une approche claire et très pédagogique, va clarifier pour beaucoup une période plus connue dans sa globalité qu’au niveau local – se veut nuance.
Pas question de faire le procès de quiconque. Lanneau essaye d’établir, à travers quelques exemples, les responsabilités des autorités en place. A quelques niveaux que ce soit. Car, comme le réalisateur le dit : « Dans l’administration à l’époque, il y eut de tout : des fonctionnaires collabos, passifs, comme des résistants. »
Mais quand les photos de famille, ayant immortalisé des regards, des sourires, défilent, personnalisant tout à coup la réalité historique, l’émotion est là, immense, donnant toute son effrayante dimension à l’horreur nazie.
Le Soir par
Fabienne Bradfer