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La Ronde de Nuit
Critique :
Avec La Ronde de Nuit , le réalisateur gallois a non seulement de quoi ravir ses inconditionnels mais également de quoi séduire...
Les cinéphiles savent depuis longtemps que Peter Greenaway, grand chantre du cinéma ésotérique en costume, est capable du meilleur et du pire, comme en témoignent respectivement des oeuvres comme Meurtre dans un jardin anglais et Le bébé de Macon .
Avec La Ronde de Nuit , le réalisateur gallois a non seulement de quoi ravir ses inconditionnels mais également de quoi séduire un public beaucoup plus large. En fait, La Ronde de Nuit est l'un des tableaux les plus célèbres de celui qu'on considère, à juste titre, comme l'un des plus grands peintres de l'histoire : Rembrandt. Des ouvrages entiers ont été consacrés à cette toile de grande dimension qui trône aujourd'hui, magistralement s'il en est, au Rijksmuseum de la capitale néerlandaise. À l'origine, elle fut commandée par quelques mousquetaires amstellodamois particulièrement influents à l'époque des faits...
Si le décryptage du tableau et la personnalité même de son illustre auteur offrent au film une charpente à la fois historique et artistique plus qu'intéressante, c'est la construction de celui-ci, et surtout son démarrage, qui constitue sa principale originalité. Car c'est alors qu'il est victime d'un cauchemar dans lequel il se retrouve aveugle que le peintre se replonge dans sa propre genèse du fameux tableau exécuté une douzaine d'années plus tôt. Était-ce l'angoisse de la création ou simplement la passion des femmes qui taraudait l'esprit de Rembrandt ? À cette double interrogation à caractère existentiel, le dernier film de Greenaway répond à la manière de son auteur, par des esquisses qui s'enchevêtrent de façon assez inégale sans un vrai fil conducteur mais avec un sens raffiné de l'image, de la mise en scène volontiers - et volontairement - théâtrale, et du rythme. Du coup, et malgré quelques longueurs évitables, La Ronde de Nuit échappe heureusement à tout ce qu'on aime le moins chez ce cinéaste à part
Emily Holmes, Eva Birthistle et Jodhi May entourent (très) joliment un Martin Freeman excellent en Rembrandt déboussolé entre... le clair et l'obscur.
La Dernière Heure du 16/07/08 par
Dominique Deprêtre