The Reader

Critique :

il trouve en Kate Winslet une interprète dont la palette sert à merveille la complexe Hanna

(...) L’histoire récente de l’Allemagne est au centre de nombreux films (...). Dans "The Reader", adapté du roman de Bernhard Schlink, elle s’invite de la plus surprenante manière. Plus qu’il n’y paraît, elle s’avère déterminante dans l’odyssée psychologique de Michaël, qui constitue le fil de ce récit finement transposé au grand écran par Stephen Daldry (qui, par un étrange coup du destin, est l’ultime production d’Anthony Minghella et Sydney Pollack disparus l’année dernière).

Allégorie

La gravité du sujet et son portrait, en creux, d’une femme au passé trouble, conviennent bien au réalisateur de "The Hours". Après Meryl Streep, Nicole Kidman et Julianne Moore, il trouve en Kate Winslet une interprète dont la palette sert à merveille la complexe Hanna. David Kross et Ralph Fiennes se partagent, quant à eux, avec complémentarité, Michaël, de l’adolescence à l’âge mûr.

Le scénario de David Hare brasse en quelque deux heures quantité de questions - de l’initiation sexuelle à la mémoire, de la honte au sens de la justice - en refusant les réponses simples. Quitte à déranger. Le personnage de Michaël incarne un pays en reconstruction (voir les nombreux arrière-plans de chantiers). Après avoir vomi la maladie qui l’a rongé, il découvre l’innocence de l’amour pour, ensuite, affronter les démons du passé. Il devra choisir entre le souvenir et l’avenir, le remord et la rédemption, avant de transmettre à son tour l’histoire à sa fille. Fortuit ou non, le choix de donner à Michaël adulte le visage de Ralph Fiennes, le bourreau de "La Liste Schindler", sublime un peu plus cette allégorie d’une Allemagne convalescente de l’Histoire.

La Libre du 04/03/2009 par A.Lo.