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Lion D'or du Festival de Venise 2009 ; Présenté en compétition aux Toronto Film Festival, New York Film Festival, London Film Festival, Pusan Film Festival.


Distribu� par :
ABC Distribution
Ce film n'est plus à l'affiche

Lebanon

Critique :

(...) Thème politique, regard ontologique, travail esthétique. Et grand plaisir cinématographique.

En 1982, Samuel Maoz avait 20 ans et tuait pour la première fois. Deux décennies plus tard, il réalise Lebanon et rentre véritablement de la guerre. L'anecdote est parlante : après quelques jours de tournage, son corps a rejeté quelques morceaux d'obus enfouis dans sa chair depuis 1982. Une belle guérison et un constat plaisant : un film thérapeutique peut être un film brillant.

Dans le ventre du tank

Lebanon est un huis-clos, c'est le principe du film. Jamais ce principe n'apparaît comme un parti pris de mise en scène, on a seulement conscience d'un enfermement et d'un étouffement caractéristique de l'ambiance. Samuel Maoz, en laissant ses personnages dans le ventre du tank, plonge ses spectateurs au cœur de la guerre telle qu'elle est vécue par ces soldats. « L'homme est d'acier, le tank n'est que ferraille » ; cette phrase gravée dans le char est filmée à plusieurs reprises. On ressent à chaque instant le mélange de dureté et de faiblesse du véhicule, dont chaque mouvement et chaque choc est répercuté sur ses occupants. Pour l'autre partie de la phrase, l'axiome est moins évident. De quoi est fait l'homme ? C'est sans doute une des grandes questions du film et la réponse est : vraisemblablement pas d'acier. Dans le tank, on observe quatre amis plus que quatre soldats. Le réalisateur ne nous fait pas le coup des militaires décérébrés nourris aux jeux vidéo ou baignant dans un fanatisme abrutissant. Rien n'est simpliste. On peut contredire un ordre, penser que la survie prime sur l'état de guerre, être gêné par la présence d'un prisonnier, bref s'interroger. Sauf si l'abrutissement provient tout bonnement de l'état de guerre et que le commandant, anéanti par ses responsabilités, ne fait plus que répéter les ordres, le regard vide ; son visage flotte dans l'obscurité du tank, sa tête danse dans un mouvement vacillant au son d'une musique étrange sortie de nulle part, du dehors.

Force de frappe

Film de guerre, film sur l'homme, beau film. Lebanon fascine d'un bout à l'autre, par des plans où se mêlent sueur, saletés, nerfs à vif ; par des situations visuellement pétrifiantes comme lorsqu'un soldat mort en attente de rapatriement est assis dans le tank alors même qu'un des hommes présents a des raisons, suggérées, de se sentir responsable de son décès ; par cette caméra viseur, unique regard muet sur l'extérieur, l'œil sur chaque étape de la journée, intermédiaire entre le tank visqueux et le dehors, le lieu où les soldats sèment la mort, indifféremment, ou plutôt sans différencier les victimes.

Lebanon a reçu le Lion d'or à Venise, et c'est un prix absolument mérité. Samuel Maoz transforme sa terrible expérience en un magnifique film et choque alors même que la guerre est presque une banalité sur nos écrans. Thème politique, regard ontologique, travail esthétique. Et grand plaisir cinématographique.

Excessif.com par Lucie Pedrola

Maoz gagne son pari de tenir le spectateur en haleine, en travaillant à la fois sur le sentiment de claustrophobie et sur la peur de l'inconnu (...)

Auréolé du Lion d'Or décerné à la Mostra de Venise en 2009, "Lebanon" est un film de guerre israélien signé Samuel Maoz, qui se déroule en mai 1982, pendant la guerre du Liban. Le postulat du film est à la fois simple et audacieux : la caméra suit le destin d'une poignée de jeunes soldats à l'intérieur d'un tank. Jamais le réalisateur ne se permettra de sortir de l'habitacle : les seules images du monde extérieur - qu'il s'agisse de cibles ou du paysage - sont montrées à travers la lunette de visée du tank... "Lebanon" s'apparente presque à une expérience de caméra subjective : la guerre vue par le prisme de quelques combattants entassés dans cet espace réduit.

Maoz gagne son pari de tenir le spectateur en haleine, en travaillant à la fois sur le sentiment de claustrophobie et sur la peur de l'inconnu : car le champ de vision très réduit dans un tank limite pour les soldats la connaissance des évènements et des lieux traversés. Et les scènes où un des jeunes militaires reçoit par radio l'ordre de mitrailler un quidam hurlant dans la rue, dont il n'aperçoit qu'une silhouette gesticulante dans son viseur, sont sans conteste des séquences inoubliables pour dénoncer l'absurdité de la guerre. "Lebanon" s'inspire du propre vécu de Moaz : "Sortir de ce tank m'a pris plus de vingt ans" a-t-il affirmé, "C'est mon histoire".

Rtbf.be du 17 mars 2010 par Hugues Dayez
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