Becoming Jane

Critique :

Un ambitieux projet dans lequel le cinéaste Julian Jarrold se plonge avec discipline. Le résultat est classique et inspiré. L'Américaine Anne Hathaway excelle (...) elle prouve encore l'étendue de son talent en pleine éclosion.

Figure de proue du romanesque des sentiments, Jane Austen a aujourd'hui droit à un film biographique, concentré sur sa rencontre avec celui qui se serait avéré l’homme de sa vie. Un ambitieux projet dans lequel le cinéaste Julian Jarrold se plonge avec discipline. Le résultat est classique et inspiré. On est loin du regard lyrique et stylisé de François Ozon sur son héroïne écrivain de ANGEL, car l’objet est ici de rester collé à une époque, et à la réalité supposée d’un personnage ayant existé. La reconstitution soignée ne déballe pourtant pas fioritures et brio formel, comme dans ATONEMENT de Joe Wright, mais privilégie la ligne directrice de l’expérience de Miss Austen. Son avant-gardisme anti-conventionnel perce ainsi bien sous les étoffes, et Jarrold réussit à faire coexister audace individuelle et carcans sociaux. Enfin, pour exprimer la passion, il faut des cœurs qui battent, et le casting s’avère judicieux. L’Américaine Anne Hathaway excelle dans le rôle écrasant de LA romancière anglaise. Séduisante sans prendre la pose, incandescente et lumineuse, elle prouve encore l’étendue de son talent en pleine éclosion, après ses partitions éclectiques du SECRET DE BROKEBACK MOUNTAIN et du DIABLE S’HABILLE EN PRADA. Face à elle, James McAvoy dépasse l’emploi classique du jeune premier, en y apportant une incarnation terrienne et intense.

MCinema.com par Olivier Pélisson