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Présenté au Festival de Berlin dans le cadre de la section Panorama.


Distribu� par :
Elysée Films
Ce film n'est plus à l'affiche

La Journée de la Jupe

Critique :

(...) "La Journée de la jupe" entre en résonance avec un parcours humain lui-même chahuté.(...)

Adjani joue une prof en pleine crise de nerfs, prise au piège d'un lycée ghetto. Ce film, coproduit par Arte, a fait un parcours re- marqué en festivals et télé.

Tout commence par une bousculade à l’entrée d’une salle de cours. La prof (Isabelle Adjani), visiblement fatiguée et crispée, tente de remettre ses élèves sur les bons rails. Ceux qui conduisent à Molière en l’occurrence ce matin. Rapidement pourtant, c’est la sortie de route. Face à la grossièreté, à l’inertie et à la violence de certains jeunes, Sonia Bergerac sort de ses gonds et dérape. Une arme tombe d’un sac, elle s’en empare : le réel s’engouffre dans le drame.

Précédé d’une réputation méritée et d’une pluie de récompenses décernées par les petit et grand écrans, ce drame marque le retour d’une grande actrice sur le devant de la scène. Saisissant à bras-le-corps des questions essentielles et fortes sur la société d’aujourd’hui, "La Journée de la jupe" entre en résonance avec un parcours humain lui-même chahuté. Mixité des origines, loi des cités, rapports entre filles et garçons, bien sûr, mais aussi malaise des profs, aveuglement de certains parents et impuissance des directions d’école confrontées à des élèves "difficiles". Son proviseur dira qu’il lui avait "déconseillé de venir donner cours en jupe", mais Sonia Bergerac ne veut pas céder. Même si elle est excédée, même si elle "en bave". Elle en a marre des menaces, des insultes, des pneus crevés, mais elle ne veut pas renoncer à donner cours. Surtout à ces jeunes qui doivent "travailler à l’école pour donner un sens au sacrifice de (leurs) parents".

En équilibre sur un fil, Isabelle Adjani rappelle, par ce rôle inédit après bien des années d’éclipse, l’étendue de son talent d’actrice mis au service d’une fiction courageuse et dérangeante. Tendue comme un arc, passant en une seconde de l’hystérie verbale à la détresse la plus profonde, la comédienne épate, tenant de bout en bout ce huis clos percutant, le souffle court, le regard brillant. L’actrice est Sonia Bergerac, enseignante passionnée et déterminée, croyant obstinément, dans les ferments de l’école de la République.

Evoluant sur le fil du rasoir, secouant le spectateur autant que ses acteurs, ce film "coup-de-poing" pose des questions sans concession, ni simplisme, sur les dérives vécues dans les cités et les "démissions discrètes" de l’Education nationale française. Le film de Jean-Paul Lilienfeld pointe des problèmes urgents devenus récurrents sans que suffisamment de personnes ne s’en soucient, ne se mobilisent. Souvent, il faut un drame avant que les choses ne changent. Là, c’est fait. Il a eu lieu, sur grand écran, répondant à tant de drames dispersés et solitaires dans des lycées désertés.

Habitants respectifs de Créteil et de Gennevilliers dans leur enfance, Jean-Paul Lilienfeld et Isabelle Adjani ont jeté dans la bagarre leurs souvenirs de galère comme leurs inquiétudes de parents d’aujourd’hui, donnant à leur propos une force émotionnelle et une légitimité incomparables.

La Libre du 15/07/09 par Karin Tshidimba
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